Peau et si

Dans le miroir il y a une personne qui me regarde.

Elle fait le contour de moi-même.

On dirait qu'elle me connaît depuis toujours.

Je lui envoie un sourire, elle répond par un sourire.

Je lui parle, elle répond par les mêmes mots.

Elle se fiche de moi!

Elle se prend pour qui celle-ci avec sa façon d'être!

Elle se prend pour moi!

C'est toujours elle que l'on voit.

C'est elle qui dit oui, qui dit non, qui dit: quoi?

J'éteins la lumière.

Je pars, elle me suit, mais je ne la vois plus, elle a disparu.

J'ai gagné, c'est elle qui traîne derrière, c'est moi la première.

Dans peu de temps elle sera oubliée.

Mais il suffira d'un regard, d'un reflet et...

Surviendra à nouveau l'interrogation.

-Bonjour, vous-êtes?

-Vous et vous?

-Moi?

Un dialogue de sourd.

https://www.youtube.com/watch?v=G4TBlPc18SM

Elle arrive dans son grand manteau, la nudité cachée.

Elle vous salue, et déjà vous ne la voyez plus.

Allongée sur ses idées.

Elle arrive et l'horloge continue à compter.

Le temps ne doit pas s'arrêter.

Il poursuit sa course.

En travers, elle prend une pause.

Le crayon à la main, l'homme appuie sur le poignet.

Il entre-ouvre l'imaginaire.

Il laisse glisser la mine et les lignes sur le papier.

Le noir trace un chemin, l'homme sait où il va.

Il a saisi l'image.

Il entre en repos,  le temps et le vide ne sont plus, là.

Sans rien dire, il cause.

Il a éclaboussé mes fenêtres.

Il secoue mon coeur.

Le gris du dehors, me pénètre.

Il met de l'ombre dans la réalité.

Il met un voile sur la lumiere.

Il me dit, viens.

Et j'y vais. Sous la pluie, sur un banc, je me mouille, je me lave, un coup comme ça.

Je lui répond qu'il n'est pas désagréable en vérité.

Qu'il me nettoie, de penser cette tristesse uniquement pour moi.

Le temps est comme tout, triste parfois

Des gouttes, des larmes.

C'est pareil.

 
Le temps est mon ami, je vis avec lui, je suis comme lui, il est comme moi.

C'est un rien du tout, dont on parle pour le passer plus vite souvent.

La pluie, le beau temps.

Les pleurs, les rires.

Un sujet abordé, par tous, en tout lieu.

Vite délaissé. Les sujets changent.

Les hommes et les paroles en l'air.

Le temps est mon ami

Il y a dans l'air l'amour qui circule.

Il danse à travers la foule.

Il nous invite.

Le voilà.

Il nous prend la main et la valse commence.

On ondule comme les vagues, avec douceur.

On déroule son par terre de beauté.

Agile agitation.

Fragile ascension.

On finit par se briser avec lui.

Et il ne reste plus que le coton sur la peau, comme le sable dans un désert.

L'amour nous prend un jour dans son paysage, il nous promène.

Et quand le souffle, l'amour, n'est plus, le coeur bat fort.

Il nous laisse chevillé au corps, à nous.

Il dit:

Je ne suis que ça.

La vie qui vient, la vie qui va, ce qui rentre, ce qui sort.

Dans tes poumons, comme ailleurs, peu importe l'endroit.

Je ne suis là que pour ça.

La vie.

Vous levez les yeux au ciel et des gouttes vous coulent sur le visage.

Vous êtes tout petit face à lui, il hypnotise.

Il vous attire, vous vous sentez voler un peu.

Vous oubliez tout. 

Puis vos yeux vous font mal.

Le béton mouillé vous ramène à vous.

Ici à errer, à aller vous ne savez où pour vous ne savez quoi.

 
Si ce n'est pour cet instant... lever les yeux au ciel, vous sentir léger.

Quand on regarde le ciel, il n'y a plus rien.

Tout disparaît, tout s'en va.

Je pense aux trous noirs.

On se sent hâppé, un peu.

Transporté.

Hors de portée.

On est comme fondu dans le bleu, le blanc, le gris, le noir.

On est pris dans la beauté d'un aplat, on est soi-même plus rien d'autre que ce ciel.

Et ça suffit. 

Le soleil cogne à la fenêtre, il m'apporte un peu de sa chaleur.

Il est lumineux, comme un beau sourire.

Il est chaud, comme des bras aimants.

Dans ma tête, je trouve qu' il vous ressemble.

Dans mon coeur, il n'y a que vous.

Dehors, vous êtes le beau temps.